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Judaïsme, christianisme, islam. Comment les religions monothéistes en viennent-elles à nourrir cette violence qui bouleverse tant nos sociétés? Il y a eu, dans l'histoire, et c'est tout l'objet du dossier du Monde de la Bible, des périodes de "coexistence", comme à Jérusalem entre 1860 et 1914. La coexistence entre les religions est un dossier épineux mais éminemment actuel. Avec les actions de Daech en Irak et les attentats de Paris, se pose la question. Peut-on vraiment coexister?
"Jusqu'en 2014, je ne me suis jamais posé la question", témoigne fr. Ephrem Azar, dominicain irakien. Pour lui, il y aura un avant et après le 6 août 2014, le jour où "quelque chose s'est rompu brutalement" et où des hommes ont menacé sa famille de partir ou de se convertir à l'islam. Le fondateur de l'association Entre deux Rives, né à Qaraqosh, se souvient d'une véritable "convivialité" entre chrétiens et musulmans. Assimilés à l'Occident puissant et riche, les chrétiens se trouvent en Orient victimes d'un acharnement violent.
Le monothéisme est-il porteur de violence? Christophe Lemardelé a longuement travaillé sur la Bible hébraïque. Il observe que le monothéisme, bien établi au VIè sicèle av. J.-C., "n'est pas porteur d'intolérance tout de suite." Il faut attendre environ 175 à 140 av. J.-C. pour voir les premiers actes d'intolérance religieuse. Après la Révolte des Maccabées, les Samaritains sont victimes des rois Hasmonéens. "Ce qui apparaît avec le monothéisme, dans l'histoire des religions, c'est l'idéologie ; elle n'est pas utilisée par des religieux mais par des politiques." L'historien met en garde: il ne faut pas trop simplifier la question, car souvent la violence des monothéismes est le fait d'une instrumentalisation politique.