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ENTRE DEUX RIVES 

la passerelle France - Orient 

Entre Deux Rives accompagne le voyage du pape en Irak


Ephrem Azar s'est rendu à Ur, l'association accompagnant le voyage du Pape


7 mars 2021

Le pape François dans la cathédrale de Qaraqosh





Le pape François, un pèlerin


Ce que je retiens du voyage du pape en Irak, ce sont d’abord les deux mots clés qu’il a prononcés avant de quitter Rome « Je viens en Irak comme pèlerin et je voudrais voir les visages des irakiens ».

En effet le pèlerinage a débuté à Ur, ville d’Abraham « Ami de Dieu » pour les trois religions monothéistes. A Ur, le pape s’est recueilli profondément, devant tous les représentants des communautés religieuses irakiennes, en écoutant l’appel d’Abraham de quitter son pays (La Genèse) et le Coran, chanté par un Imam. Ce rassemblement appelé « Rencontre des religions » est une mosaïque de la diversité religieuse, culturelle de l’Irak.


Devant ces dignitaires, le pape a adressé un message à tous les irakiens : « Nous sommes tous frères dans l’humanité et dans notre appartenance à Abraham, quelle que soit notre appartenance religieuse ». La Réconciliation et le Pardon, deux mots-clés du pape, mots inhabituels, dans la culture de guerre et de violence de la société irakienne. Cette présence à Ur a eu une autre portée symbolique. En effet dans un pays où de nombreuses villes furent vidées des chrétiens, voir un « responsable » chrétien parmi eux, c’est ressurgir leur présence millénaire dans la mémoire des irakiens, et qu’ils ne sont pas venus avec les américains.


Le dialogue entre les religions


Certes la rencontre avec l’Ayatoullah Ali Alsistani à Najaf (haut lieu shiite) haut lieu chiite, est un moment inoubliable pour les irakiens (même si on a ressenti une certaine frustration chez les sunnites). Cette rencontre de laquelle rien n’a filtré, est considérée comme une pierre d’angle pour le dialogue islamo-chrétien, semblable à la rencontre de François avec le Cheikh Al-Azahar ( Aux Emirats, 2017).


Dans les ruines, l’espoir de la restauration.


Cest l’un des axes majeurs du voyage du Pape. Dans les ruines de Mossoul un geste plus que symbolique. 1) Un signe prophétique. Le pape est devenu le Jonas de la Bible et le prohète à Ninive. Là où Jonas a fui l’appel de Dieu, et malgré lui il a appelé les habitants de Ninive à se convertir, tandis que le pape a prié, médité, marché en silence avec visage grave dans les ruines. Son appel à tenir l’espérance forte avec la volonté de pardonner pour construire ensemble. 2) A 300 mètres des ruines se trouvent les ruines de la grande mosquée Al-Nouri où Abou Bakr al-Baghdadi avait proclamé l’Etat islamique. Le Pape a rappelé qu’il n’est pas permis de tuer l’autre parce qu’il appartient à une autre religion. « Que cessent les armes et la violence au nom de Dieu miséricordieux. « Nous sommes tous frères » un rappel à son encyclique. Désormais c’est l’âme irakienne blessée qu’il faut restaurer.

Au-delà des rencontres et des discours, un climat de joie et de fête ont régné durant ce voyage. La joie est possible en Irak. Les médias étaient habituées depuis des décennies au visage de la guerre et de la violence. Or, durant ces journées, c’est la joie qui a triomphé, et pas seulement chez les chrétiens, mais les musulmans aussi étaient heureux d’accueillir un pape chez eux et de voir le visage d’un homme bon, un homme de paix qui va semer la paix. La chaleur de cet homme, sa bonté, son humanité, ont joué un rôle fondamental dans ce voyage. Au fil de ces déplacements, le pape a relié l’Irak (actuellement déchiré) dans son entier, du sud au nord, depuis Ur et la culture sumérienne en passant par Ninive l’Assyrienne, sunnites et shiites, arabes et kurdes...

Enfin deux messages, ou deux questions furent posées par le Pape. 1) Les responsables religieux chrétiens doivent cesser d’être des manager, et qu’ils ne restent pas derrière leurs bureaux mais qu’ils aillent rencontrer le peuple, et partager ses souffrances. 2) Un message aux reponsables politiques de l’Irak. C’est à eux de décider: soit ils choisissent la voie de la fraternité et de l’ouverture, soit ils gardent les choses telles quelles, sur la voie de l’anarchie, de la violence et de la corruption.


Ephrem Azar



Les habitants de Qaraqosh accueillent le pape.



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